mercredi 25 janvier 2012

Sommes-nous libres de nos choix ?

Les prochaines élections nous donnent l’occasion d’une petite méditation sur notre libre arbitre. Si cela vous intéresse, je vous propose de répondre aux questions suivantes :
-    Connaissez-vous les valeurs, les désirs et les croyances qui vous amèneront à voter pour un(e) tel(le) – ou à ne pas voter ?
-    Savez-vous ce qui, dans votre histoire personnelle, vous a conduit à adopter ces valeurs, ces désirs et ces croyances ?
-    Si vous ne savez pas répondre à cette question, acceptez-vous au moins l’idée que vos valeurs, vos désirs et vos croyances résultent de certaines causes extérieures ?
a)    Si vous répondez positivement à au moins deux de ces questions, vous devez accepter l’idée que votre vote est déterminé par des causes extérieures.
b)    Si vous répondez négativement à toutes les questions, vous devez souscrire à l’idée que votre choix est le fruit d’un pur hasard.
c)    Si vous répondez oui uniquement à la première question, vous devez accepter l’idée que vous avez choisi vos valeurs, vos désirs et vos croyances de façon parfaitement arbitraire, c’est-à-dire sans raison particulière.
Êtes-vous libre de votre choix dans l’un des trois cas ? La réponse est non dans les trois cas ! Cela semble évident pour a). Ça l’est moins pour b) et c), mais pour répondre oui dans ces cas, il faudrait admettre qu’agir librement consiste à agir au hasard ou gratuitement, sans raison, ce qui semble absurde, non ?
Je vous propose donc d’admettre que nous ne sommes pas libres de nos choix, et en particulier de nos votes. Difficile à avaler ? Et pourtant n’est-ce pas le présupposé implicite des sondages d’opinion ? Ils n’auraient aucune valeur si nos choix n’étaient pas déterminés par notre sexe, notre âge, notre milieu socioprofessionnel, notre lieu d’habitation, nos origines,…
Alors, l’idée de libre arbitre serait une pure illusion ? Inacceptable ! Nous ne pouvons pas nous renoncer à la liberté. Mais nous devons accepter que, paradoxalement, nous sommes aussi parfaitement déterminés. Autrement dit, je suis libre quand j’agis conformément à mes valeurs, mes désirs et mes croyances, tout en reconnaissant que ceux-ci résultent de causes qui me sont extérieures.

2 commentaires:

  1. « je suis libre quand j’agis conformément à mes valeurs, mes désirs et mes croyances, tout en reconnaissant que ceux-ci résultent de causes qui me sont extérieures ». Intéressant.

    Cela me fait penser à Schopenhauer : l’être humain peut faire ce qu’il veut, mais ne peut pas vouloir ce qu’il veut (« Der Mensch kann tun was er will; er kann aber nicht wollen was er will »).

    Peut-être est-il plus productif de parier (au sens pascalien du terme) sur notre libre arbitre. Mais vous me direz que le choix de croire ou non au libre arbitre est lui-même déterminé par nos valeurs, nos désirs et nos croyances.

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  2. En fait, comme quelques philosophes bien avant moi (Spinoza notamment) je conçois la liberté sur un fond parfaitement déterminé. Mais les déterminations étant multiples, il y a du jeu entre elles, et au fond ce sont les valeurs, les principes, la conscience morale – peu importe le nom qu’on choisit – qui font l’homme libre car si mon action est causée par le désir ou la croyance en opposition avec mes valeurs, il est certain que je ne suis pas libre. Ex : je fume parce que je désire fumer, tout en donnant à la santé une valeur supérieure. Alors que si j’agis en cohérence avec mes principes, tout déterminés qu’ils soient, je peux me considérer comme libre. Or vivre selon ses principes est tout sauf simple. Non ?

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