Le peuple de gauche est l’ensemble
- de plus en plus réduit - des citoyens en accord avec un socle de valeurs
fondatrices de la gauche historique : la justice sociale, l’émancipation
individuelle, et, plus récemment, l’urgence écologique, avec, pour horizon, une
rupture avec l’hubris capitaliste qui détruit notre biosphère et écrase les
humains.
Le peuple de gauche, ainsi
défini, représentait jadis la moitié du corps électoral, il s’est réduit à peau
de chagrin par l’effet des trahisons, des compromissions et des incohérences
des partis sensés le représenter. Il est donc totalement illusoire, fallacieux
et contre-productif de confondre le peuple
de gauche avec le Peuple tout court. Que peut espérer le peuple de gauche, ou du moins ce qu’il
en reste ?
Pour le peuple de gauche, la
création de la NUPES représente à la fois un espoir de renouveau et le dernier
stade de la déliquescence. C’est donc un pharmakon, mot grec, sans équivalent
en français, qui désignait à la fois un remède et un poison.
Un remède car cette union inespérée des partis de gauche répond à la défiance
qu’ils ont eux-mêmes suscitée, qui a eu pour effet leur étiolement
catastrophique. Un poison car le parti central de cette union, produisant à son
tour méfiance et rejet, fera de la NUPES le pendant à gauche du RN à droite :
un épouvantail qui légitime le macronisme. En effet la « Maison Mélenchon » incarne ce que
la gauche a produit de pire au fil de son histoire : la centralité d’un Leader
massimo cyclothymique, un tropisme dictatorial qui se révèle à travers ses
modèles revendiqués – Robespierre, Fidel Castro, Chavez, Maduro,…-, un penchant
antidémocratique qu’atteste le fonctionnement interne de LFI dénoncé de
l’intérieur par les militants eux-mêmes, une attitude aussi ambiguë qu’inacceptable
avec l’islamisme et l’antisémitisme.
Que peut encore espérer le peuple
de gauche, du moins ce qu’il en reste ? Que la NUPES se dote de
statuts démocratiques, qu’elle s’ouvre largement aux adhésions individuelles ou
associatives, qu’elle s’émancipe de la domination mélenchonienne, et des
tractations partisanes, qu’elle se concentre sur les fondamentaux - l’urgence écologique,
la justice sociale, l’émancipation individuelle, les services publics et la
refonte nécessaire des institutions démocratiques.
C’est pas gagné !