De jeunes activistes écologistes viennent d’enchaîner
plusieurs actions contre des chefs d’œuvre culturels, pour dénoncer l’inaction
des Etats et des grandes entreprises vis-à-vis du dérèglement climatique. Le
terme de « vandalisme » est
celui qui revient le plus souvent pour qualifier ces actions. Ce terme vise à disqualifier
des actes jugés odieux, absurdes, impardonnables. Mais la réalité est plus
complexe. En effet, contrairement au stéréotype des Vandales, barbares pillards
et destructeurs, les activistes en question n’ont aucunement abîmé, encore
moins détruit les œuvres visées, leur acte s’apparente donc plutôt à un
sacrilège, c’est-à-dire une profanation de choses sacrées. Greta Thunberg avait
lancé, par une grève scolaire, cette étrange disqualification symbolique de la
culture… au nom de la science du climat. Cette contradiction interroge sur les
fondements idéologiques de l’activisme écologique, mais elle ne le délégitime peut-être
pas pour autant.
L’activiste se situe à mi-chemin entre le militant et
le terroriste. Il se distingue du premier qui limite son champ d’action à ce que
la loi autorise, il s’oppose au second qui n’a aucune limite. Le militant
s’engage dans un cadre démocratique, que le terroriste rejette totalement. Les
activistes écologistes considèrent sans doute que le militantisme « vert »
est dépassé, tant le hiatus entre le bien commun et le système de pouvoir en place
est devenu insupportable - le dernier rapport de l’ONU, United in science 2022,
conclut que « les engagements des
Etats sont très loin de répondre à
l’objectif de 1,5°».
Si les chefs d’œuvres culturels sont « sacrés »,
c’est qu’ils sont des biens communs de l’humanité, qui doivent être soustraits
à la cupidité et à l’échange mercantile. Mais le sont-ils davantage que la
biodiversité, les paysages, la perpétuation d’une terre habitable détruite par
l’hubris capitaliste ? Qui sont les vandales ?