jeudi 27 septembre 2012

Comment vivre avec les gens stupides?


Dans un petit opuscule court et stimulant l'économiste Carlo M. Cipolla énonce « Les lois fondamentales de la stupidité humaine ». Les êtres humains se partageraient d’après lui entre quatre types d'individus classés selon les effets de leur comportement sur eux-mêmes et sur les autres : les crétins, les gens intelligents, les bandits et les êtres stupides.
-       Les crétins ont tendance à agir à leur détriment, parfois au bénéfice des autres ;
-       les gens intelligents, au bénéfice d'eux-mêmes et souvent des autres ;
-       les bandits, pour leur propre bénéfice au détriment des autres ;
-       enfin les êtres stupides nuisent aux autres sans en tirer aucun bénéfice, voire en subissant eux-mêmes un préjudice. « L'individu stupide est le type d'individu le plus dangereux. » - cinquième loi fondamentale - du fait qu’il agit de façon irrationnelle et imprévisible, et que la composante nuisible de son comportement ne bénéficie in fine à personne – contrairement aux bandits.
Que faut-il en penser ? La simplicité de cette typologie est séduisante. Il est évident que nous appartenons tous aux 4 catégories (C., I., B., S.) selon nos actions – ou notre inaction -, mais Cipolla affirme que chaque individu a une dominante C, I, B ou S. Là je suis plus sceptique, mais au fond, si je regarde autour de moi, je vois assez bien selon quelle catégorie classer telle ou telle personne. Selon Cipolla, les gens stupides (à dominante S.) se rencontrent invariablement selon une proportion constante dans tous les groupes sociaux, toutes les cultures et toutes les religions, quel que soit le niveau d’éducation et même selon lui chez les prix Nobel qu’il a fréquentés ; il faut donc en déduire que les stupides sont partout : dans notre quartier, nos relations, notre famille, les entreprises, les administrations et bien sûr dans le « personnel politique ».
Que pensez-vous de cette typologie des caractères humains ? Si vous l’acceptez, que répondez-vous à cette question éthique : comment vivre avec les gens stupides ?

jeudi 13 septembre 2012

Quand les riches « se cassent », faut-il s’en indigner ou s’en réjouir ?


A mon avis, l’« affaire » Bernard Arnaud - B. A.- est d’abord à rapprocher de l'expulsion des roms car ces deux évènements illustrent la contradiction criante entre la libre circulation des capitaux, des marchandises et des riches, et l'assignation à résidence des pauvres : B. A. part en Belgique pour « profiter de certaines opportunités », n'est-ce pas exactement ce que pourraient dire les roms qui s’installent en France, s'ils apprenaient à parler la langue policée du management ?
Mais au fond que penser de l’exil belge du roi du luxe ? Je distingue trois interprétations possibles :
-       dans la guerre économique mondiale qui fait rage, B. A. en tant que quatrième fortune mondiale, est l'un de nos meilleurs atouts, et il faut être stupide pour pousser ce génie de l'enrichissement à l'exil par une imposition confiscatoire ;
-       dans la guerre économique mondiale qui fait rage, l'attitude de B. A. est de l'ordre d'une désertion ; les riches doivent participer à leur mesure à l'effort de guerre qui s'impose à tous ;
-       la défection de B. A. nous rappelle opportunément ce qu'est le capitalisme : un processus d'accumulation illimitée sans frontières, qui n’a rien à faire du « bien commun », qui s'appuie sur l'assujettissement des hommes et de la nature, et dont le fonds pulsionnel est la cupidité sans frein que les anciens considéraient comme un vice, mais qui est de fait aujourd’hui la vertu cardinale : le moteur de la croissance.
Les deux premières interprétations superficiellement opposées – Libé vs Figaro - partagent en fait le même présupposé : nous avons besoin des riches. La troisième au contraire est radicale : les riches sont un problème, cette idée est au fondement même de la démocratie. Ainsi les athéniens, nos maîtres en démocratie, avait inventé une procédure qu'on ferait bien de méditer par les temps qui courent,  l'ostracisme : il s'agissait de bannir de la cité pour 10 ans les citoyens dont on craignait la puissance ou l'ambition politique.