jeudi 27 février 2014

Quel rapport entre l'éducation et la révolution ?



L’Ukraine et le genre… La révolution et l’éducation se télescopent dans l’actualité, voisinage plein de sens. Ex-ducere, tirer d’un état originaire – la caverne - ; Re-volvere, revenir à son point d’origine… La révolution ramène-t-elle les individus dans la caverne … ou bien là où l’éducation les lâche ? Deux cas de figure radicalement différents… même s’il y a toujours un peu des deux en tout révolutionnaire, à la fois l’enfant capricieux qui veut tout, tout de suite, et le jeune idéaliste qui refuse de se soumettre au principe de réalité… Entre l’enfant et le jeune, un fossé : l’éducation. Ainsi, toute éducation aboutit à un certain potentiel révolutionnaire, que le cours de l’Histoire révèle, ou pas, attise ou étouffe… Comme Rousseau nous l’enseigne, il faut éduquer Emile avant d’envisager le Contrat social… Inversement, toute révolution révèle ce que vaut l’éducation qui l’a précédée : a –t-elle renforcé les stéréotypes de la caverne, ou donné des repères pour s’en émanciper ?
Les stéréotypes sont toujours du côté d’un ordre établi : la coïncidence de ce qui est, ce qui paraît être et ce qui doit être… Tout est bien ainsi puisque c’est ainsi !
Les repères sont les outils de l’émancipation vis-à-vis de l’ordre établi car, contrairement aux stéréotypes, ils dissocient l’être et l’apparence, le fait et le droit.
La polémique sur le genre tient pour beaucoup à une confusion entre stéréotypes et repères, deux points fixes concernés par l’éducation… mais d’un genre diamétralement opposé. Les premiers sont les piliers de la caverne : le prêt-à-penser, les préjugés, les ornières mentales creusées et solidifiées au fil des générations, ils sont des obstacles à l’éducation. Ils s’acquièrent par contagion, inconsciemment et sans effort.
Les seconds sont les gonds autour desquels la pensée critique pourra se développer, volvere, revolvere… La langue, la grammaire, l’orthographe, l’esprit scientifique, les mathématiques, l’Histoire,… Ils sont les conditions de l’émancipation. Ils s’acquièrent par un enseignement explicite, et jamais sans effort…
La révolution des stéréotypes est régressive, celle des repères est propulsive.

vendredi 14 février 2014

La nudité à l'école mérite-t-elle une croisade morale ?

Bigots contre pédagos, deux bien-pensances diamétralement opposées : la gigantomachie morale est à son comble.
A droite, les curés de Dieu : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir, par de pareils objets les âmes sont blessées, et cela fait venir de coupables pensées. »
A gauche, les prêtres laïcs : « Montrez ce sein, et le reste aussi, par de pareils objets les esprits sont éduqués, et cela produira des citoyens éclairés". »
Une autre voix existe, inaudible, couverte par ce tintamarre : 
« Traitez tous les enfants à égalité, filles ou garçons, instruisez-les de la même façon, ne tolérez aucune attitude sexiste, raciste, xénophobe ou homophobe, ne laissez jamais le sexe déterminer un choix d'orientation... Quant à la morale : enseignée, elle n'est qu'un discours vite oublié, rendu inopérant par le discrédit massif des institutions, pratiquée, elle se montre par des actes et s’explicite au moment opportun, quand la situation l'exige. »
Mais le débat est truqué, car la tartufferie symétrique des bigots et des pédagos, se heurte à ce fait massif : les stéréotypes de genre sont forgés en dehors des familles, des églises et des écoles, par les industries de colonisation de l’imaginaire, dont le bras armé est la pub, et qui ont besoin d'un marché bien structuré, scindé en boys et en girls, pour mieux vendre leur camelote, bleue ou rose, leur prêt à porter masculin et féminin, leurs sites porno et de rencontres, leur presse people, leurs séries télé et leurs jeux vidéo... La polémique actuelle apparaît alors comme un leurre savamment orchestré et relayé par les médias, pour nous faire croire que les institutions traditionnelles sont toujours le creuset des stéréotypes et des normes. Réveillez-vous