mardi 7 septembre 2021

C'est la faute à qui ?

 

    Un biais psychologique très puissant tend à nous faire croire que les malheurs qui nous frappent sont imputables à une intention malveillante. C’est ce biais qui sous-tend le mythe d’un complot judéo-maçonnique à l’origine de tous les malheurs du monde. Ainsi, en pandémie, la question « C’est la faute à qui ? » n’est pas triviale, ceux qui la posent laissent l’inconscient collectif œuvrer dans le silence des cerveaux disponibles. Contre ce travail souterrain, il faut des réponses explicites. Le pass sanitaire, c’est la faute à qui ?

-       Pour les anti-pass, c’est la faute à une « dictature sanitaire » née de la collusion entre l’Etat et les grandes firmes pharmaceutiques. Mais cette réponse néglige volontairement deux paramètres essentiels : la gravité de la pandémie et l’efficacité des vaccins. Ainsi le mouvement anti pass apparaît pour l’essentiel comme la résultante de trois courants : covidosceptique, antivax et complotiste.

            On peut proposer d’autres réponses concernant les causes de la défiance vaccinale, qui est a motivé l’instauration du pass sanitaire. C’est la faute à qui ?

-       Au travail de sape des semeurs de doute contre les institutions de savoir et d’établissement des faits, essentielles au fonctionnement de la démocratie : la science établie et les médias main stream.

-       Aux promoteurs d’une alterscience, qui discréditent systématiquement tout ce soutient l’idée que les vaccins sont, depuis Pasteur, le moyen le plus efficace pour lutter contre une épidémie virale causant des millions de morts dans le monde.

-       A la défiance croissante et réciproque entre l’Etat et les citoyens, le premier vu comme une oligarchie servant des intérêts obscurs, les seconds comme des individus égoïstes irrationnels qu’il vaut mieux contraindre que convaincre.

-       A ceux et celles qui, opposés à toute discipline collective, confondent la liberté civile et la licence individuelle, la première bornée par l’idée de bien commun, la seconde par le fantasme de toute puissance : je fais ce que je veux, comme je veux, quand je veux.

 

            La confiance dans les Lumières et la science, c’est la faute à Voltaire ; la confiance dans une Volonté générale pour le bien commun, c’est la faute à Rousseau.