Il y a déjà eu
des présidents français élus en temps de guerre – Raymond Poincarré, Albert
Lebrun, René Coty – mais ils n’avaient pas les responsabilités que la
constitution de la Vème République octroie au chef de l’Etat. En effet le
président élu en avril devra en même temps gérer une crise internationale d’un
très haut niveau de gravité face à un autocrate disposant d’armes nucléaires, dont
nul ne connait les limites, et prendre des mesures énergiques face au
dérèglement climatique, dans un contexte de crise morale et sociale. Ainsi ce
président devrait être à la fois un chef de guerre et un chef de paix. Or les
qualités requises pour ces deux fonctions sont très différentes : le chef
de guerre devra réagir vite et fort, en temps réel, face à l’imprévu, le chef
de paix devra consulter, dialoguer et engager des actions pour le moyen et le
long terme. Mais l’essentiel n’est pas là : le chef de guerre devra se
consacrer à plein temps à la guerre en cours, or l’hyper-présidentialisme de la
Vème République implique qu’il devra en même temps gérer la pandémie, les
retraites, l’hôpital, l’école, la transition écologique, la justice sociale, la
réindustrialisation, la maîtrise du budget, l’islamisme, la GPA, la
légalisation du cannabis, etc… Bref, on ne va pas élire un chef d’Etat mais un
Super héros Marvel.
A
ma connaissance, cette question n’a pas été évoquée pour l’instant dans la
campagne électorale. La prendre au sérieux, sans toucher à la Constitution,
implique selon moi de redonner aux élections législatives l’importance qu’elles
ont perdues. En avril il s’agira d’élire notre chef de guerre. L’issue semble
claire dans la mesure où on ne change pas de capitaine au milieu de la tempête,
et je ne vois aucun des challengers de M. Macron faire le poids face à Vladolph
Poutler. Il faut donc d’ores et déjà prendre conscience de l’enjeu des
législatives qui suivront, en juin. La majorité qui en sortira déterminera la
composition du gouvernement, et fera du premier ministre le chef de paix, et
non un simple collaborateur de l’hyperprésident. Aujourd’hui, le Parlement est
réduit à la fonction de chambre d’enregistrement ; pour qu’il joue
pleinement son rôle, il faudrait qu’il soit porté par une majorité différente
de celle qui aura désigné le chef de guerre. La cohabitation entre les deux
chefs sera simple dans la mesure où leur rôle respectif sera parfaitement
clair, et où le bien commun interdira les querelles stériles et les manœuvres
politiciennes. La campagne des législatives doit commencer dès maintenant.