samedi 23 janvier 2021

Comment résister en Pandémie ?

 

          A la faveur de la pandémie, sans changer de constitution, nous avons changé de régime politique : la liberté est devenue l’exception, la restriction la règle. Ce basculement s’est produit sous nos yeux, en direct live, sans coup d’Etat.

           Cette dérive était déjà en germe bien avant la pandémie, mais légitimée par l’urgence sanitaire, elle s’est si bien installée dans les corps et les esprits qu’on peut douter d’un retour en arrière post-covid. Le provisoire devenant permanent, nous vivons dorénavant en Pandémie, un nouveau régime politique. En sortirons-nous ?

           Les raisons d’en douter sont nombreuses. En effet la fin de la crise sanitaire est comme l’horizon, plus on s’en approche, plus elle s’éloigne. Et la certitude que d’autres suivront, légitimera des mesures de précaution préventives proches de celles mises en place actuellement : généralisation du télétravail, du téléenseignement, de la télémédecine ambulatoire, dépistage, traçage, isolement, surveillance et signalement des comportements déviants, limitation de la liberté de circuler, de passer les frontières, de se rassembler sans autorisation préalable, l’atomisation des rapports sociaux – au travail, à l’université notamment – la généralisation de la télésurveillance, la criminalisation de la contestation de l’ordre établi, la prééminence de la technocratie sur la démocratie. Par ailleurs le risque pandémique dorénavant permanent, s’ajoute à d’autres risques majeurs : le changement climatique désormais inéluctable, l’aggravation et l’extension de la précarité sociale et économique, l’accentuation de la défiance réciproque entre l’Etat et le peuple, proche du point de rupture.

         Le pire n’est jamais certain, mais la lucidité impose de prendre au sérieux l’hypothèse d’une pérennisation d’un Etat à la fois néolibéral et autoritaire, dont le futur idéal serait l’Etat chinois. Cette combinaison paradoxale de libéralisme et de technocratie s’appuie sur deux principes : 1) en période de crise les régimes autoritaires semblent beaucoup plus efficaces que les démocraties ; 2) du point de vue de l’Etat, la population est vue comme une masse d’individus égoïstes et irrationnels, des mineurs incapables de s’associer librement de façon autonome pour réfléchir et agir efficacement sur ce qui les concerne collectivement. Il faut donc nécessairement un gouvernement d’experts pour gérer les risques collectifs, un Etat qui centralise, standardise, normalise, rationnalise.

           La liberté devient l’exception, la restriction la règle. Cette pente est résistible. Amis de la liberté, mobilisons-nous.