samedi 5 octobre 2019

Quelle dose de vérité sommes-nous capables de supporter ?



            Voici un constat indéniable : individuellement et collectivement, nous sommes incapables d’opérer les changements qu’impose le changement climatique. Nous avons conscience de la catastrophe en cours, nous savons mais nous n’y croyons pas ! Individuellement ou institutionnellement, le problème dépasse notre capacité d’entendement, et surtout de changement.
Réduire de moitié les voitures en circulation, arrêter l’avion sur les lignes intérieures, le réduire drastiquement sur les lignes extérieures, sortir de la production industrielle de viande et en réduire significativement la consommation, etc.. il s’agit au fond de passer rapidement à un régime de décroissance post-capitaliste, autant dire un rêve a priori irréalisable sans un changement de régime politique. Ainsi la faiblesse de la volonté individuelle et politique, légitime de plus en plus pour beaucoup le recours à un régime autoritaire – à la chinoise -, bien mieux armé que le régime représentatif pour prendre les mesures radicales qui s’imposent. Or la philosophie politique a produit un concept qui semble répondre à cette aporie : la Volonté générale. Celle-ci s’exprime lorsque, oubliant leur intérêt et leurs certitudes idéologiques, les citoyens s’emparent d’une question du point de vue du bien commun. La Volonté générale n’est certainement pas la volonté du pouvoir politique présidentiel ou parlementaire, elle peut émaner d’une assemblée citoyenne de consensus, suivie d’un référendum pour traiter des questions trop risquées pour la classe politique, et trop conflictuelles pour la paix sociale – comme en Irlande pour le droit à l’avortement. Il s’agit de délester les politiques des questions cruciales et clivantes qu’ils n’ont au fond aucun intérêt à traiter, ayant tout à y perdre et rien à y gagner en terme de carrière.
C’est sans doute ce constat qui a conduit à la convocation d’une Convention citoyenne sur le climat réunissant 150 citoyens tirés au sort selon une méthodologie rigoureuse, qui vont travailler jusqu’en janvier pour présenter des « mesures ». Que deviendront ces propositions ? Tout l’enjeu est là. Soit la classe politique reprend la main et là, c’est foutu, soit ces mesures sont soustraites au jeu parlementaire et soumises à un référendum, et là la France envoie un message très fort aux autres régimes représentatifs européens et mondiaux, elle répond aussi à l’idée que seul un régime autoritaire à la chinoise peut gérer cette crise mondiale.
De quoi dépend la réussite de la Convention ? Un maximum de publicité autour de ses travaux, et une pression de l’opinion publique pour clarifier la formule qui fixe les objectifs de la Convention : Définir des mesures qui seront soumises sans filtre soit au référendum, soit au vote du Parlement, soit appliquées par voie réglementaire. La formule « sans filtre » implique à mon sens nécessairement un référendum, mais la possibilité que le politique reprenne la main est évoquée.. sans filtre. A nous de faire pression pour sortir de cette ambiguïté.
                                                      

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