jeudi 12 octobre 2023

Quels préjugés nous empêchent de reconnaître le Mal absolu ?

 

Pour Kant, le Beau est ce qui plaît universellement, et sans concept : dire d’une chose qu’elle est belle, en ce sens, c’est dire que tout être de raison, sans a priori ni préjugés, sans critères objectifs, devrait pouvoir le dire. Ainsi on peut penser comme Mal absolu ce qui devrait révulser toute conscience morale, universellement et sans concept. Qui peut nier que l’acte perpétré par le Hamas relève de cette catégorie ?

Face au Mal absolu, il n’y a d’abord qu’une réaction de révulsion, de soutien inconditionnel à ceux qui en sont victimes, et de condamnation immédiate et inconditionnelle de ses auteurs. Admettre cela c’est congédier l’esprit de finesse et de nuance, car l’idée d’absolu interdit toute justification, toute condition, toute dépendance, toute explication. Le temps de l’analyse viendra … plus tard. Face au nazisme, au génocide des Tutsi, au régime Khmer rouge,…, il fallait d’abord combattre et agir, non disserter sur ce qui les a rendu possible.

Cependant l’esprit a besoin de sens, de compréhension, d’explication, car tout acte relève d’une logique qui peut être explicitée. Ainsi les experts patentés de l’esprit de finesse et de nuance qui font profession de leur expertise, qui ont des livres ou des articles à vendre, ou pensent à leur électorat, répugnent à l’idée d’un Mal absolu qui leur clouerait le bec. Il faut tout de suite analyser, nuancer, prendre position, adopter une posture : Oui mais le peuple palestinien vit à Gaza dans des conditions indignes, Oui mais le gouvernement israélien actuel est d’extrême droite, Oui mais il y a eu des horreurs des deux côtés, Oui mais il s’agit d’une guerre asymétrique. Pour discuter, l’esprit de finesse a besoin de concepts discutables : « terrorisme », « crime de guerre », voire « acte de résistance »,… Ce dernier est tout particulièrement odieux et fallacieux : imagine-t-on les résistants, face à l’occupant nazi, investir un village allemand et massacrer tous ses habitants ? « Crime de guerre » ne l’est pas moins, car il ne s’agit pas du tout d’un acte de guerre visant à détruire des positions ennemies ou occuper un territoire, avec quelques actes cruels en marge des opérations militaires. Enfin « terrorisme » renvoie à un petit groupe de fanatiques, ou, instrumentalisé par une propagande, il désigne simplement les combattants du camp d’en face. Le seul concept qui s’imposerait est celui de « crime contre l’Humanité », mais je ne l’ai lu nulle part, alors que l’on glose ad nauseam « terrorisme ou crime de guerre ?  ».

Comment comprendre que face au Mal absolu, face à un tel crime contre l’humanité, les manifestations semblent ne concerner que la communauté juive, quelques intellectuels, des élus, des leaders d’opinion ? Quels préjugés sur la Palestine, Israël, les juifs, les musulmans, empêchent les autres d’exprimer un soutien au peuple d’Israël, et une condamnation sans faille de la nouvelle incarnation du Mal absolu : le Hamas ?

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