Pour Kant, le Beau
est ce qui plaît universellement, et sans
concept : dire d’une chose qu’elle est belle, en ce sens, c’est dire que tout être de raison, sans a
priori ni préjugés, sans critères objectifs, devrait pouvoir le dire. Ainsi on
peut penser comme Mal absolu ce qui devrait
révulser toute conscience morale, universellement et sans concept. Qui peut
nier que l’acte perpétré par le Hamas relève de cette catégorie ?
Face au Mal
absolu, il n’y a d’abord qu’une réaction de révulsion, de soutien inconditionnel
à ceux qui en sont victimes, et de condamnation immédiate et inconditionnelle
de ses auteurs. Admettre cela c’est congédier l’esprit de finesse et de nuance,
car l’idée d’absolu interdit toute justification, toute condition, toute
dépendance, toute explication. Le temps de l’analyse viendra … plus tard. Face
au nazisme, au génocide des Tutsi, au régime Khmer rouge,…, il fallait d’abord combattre
et agir, non disserter sur ce qui les a rendu possible.
Cependant l’esprit a besoin de sens, de compréhension,
d’explication, car tout acte relève d’une logique qui peut être explicitée. Ainsi
les experts patentés de l’esprit de finesse et de nuance qui font profession de
leur expertise, qui ont des livres ou des articles à vendre, ou pensent à leur
électorat, répugnent à l’idée d’un Mal absolu
qui leur clouerait le bec. Il faut tout de suite analyser, nuancer, prendre
position, adopter une posture : Oui mais le peuple palestinien vit à
Gaza dans des conditions indignes, Oui mais le gouvernement israélien
actuel est d’extrême droite, Oui mais il y a eu des horreurs des
deux côtés, Oui mais il s’agit d’une guerre asymétrique. Pour discuter, l’esprit
de finesse a besoin de concepts discutables : « terrorisme », « crime
de guerre », voire « acte
de résistance »,… Ce dernier est tout particulièrement odieux et
fallacieux : imagine-t-on les résistants, face à l’occupant nazi, investir
un village allemand et massacrer tous ses habitants ? « Crime de guerre » ne l’est pas
moins, car il ne s’agit pas du tout d’un acte de guerre visant à détruire des
positions ennemies ou occuper un territoire, avec quelques actes cruels en
marge des opérations militaires. Enfin « terrorisme » renvoie à un petit groupe de fanatiques, ou,
instrumentalisé par une propagande, il désigne simplement les combattants du
camp d’en face. Le seul concept qui s’imposerait est celui de « crime contre l’Humanité », mais je
ne l’ai lu nulle part, alors que l’on glose ad nauseam « terrorisme ou crime de guerre ? ».
Comment comprendre que face au Mal absolu, face à un tel crime
contre l’humanité, les manifestations semblent ne concerner que la
communauté juive, quelques intellectuels, des élus, des leaders d’opinion ?
Quels préjugés sur la Palestine, Israël, les juifs, les musulmans, empêchent les
autres d’exprimer un soutien au peuple d’Israël, et une condamnation sans
faille de la nouvelle incarnation du Mal absolu : le Hamas ?
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