dimanche 20 mars 2022

Peut-on être à la fois un chef de guerre et un chef de paix?

 

            Il y a déjà eu des présidents français élus en temps de guerre – Raymond Poincarré, Albert Lebrun, René Coty – mais ils n’avaient pas les responsabilités que la constitution de la Vème République octroie au chef de l’Etat. En effet le président élu en avril devra en même temps gérer une crise internationale d’un très haut niveau de gravité face à un autocrate disposant d’armes nucléaires, dont nul ne connait les limites, et prendre des mesures énergiques face au dérèglement climatique, dans un contexte de crise morale et sociale. Ainsi ce président devrait être à la fois un chef de guerre et un chef de paix. Or les qualités requises pour ces deux fonctions sont très différentes : le chef de guerre devra réagir vite et fort, en temps réel, face à l’imprévu, le chef de paix devra consulter, dialoguer et engager des actions pour le moyen et le long terme. Mais l’essentiel n’est pas là : le chef de guerre devra se consacrer à plein temps à la guerre en cours, or l’hyper-présidentialisme de la Vème République implique qu’il devra en même temps gérer la pandémie, les retraites, l’hôpital, l’école, la transition écologique, la justice sociale, la réindustrialisation, la maîtrise du budget, l’islamisme, la GPA, la légalisation du cannabis, etc… Bref, on ne va pas élire un chef d’Etat mais un Super héros Marvel.

            A ma connaissance, cette question n’a pas été évoquée pour l’instant dans la campagne électorale. La prendre au sérieux, sans toucher à la Constitution, implique selon moi de redonner aux élections législatives l’importance qu’elles ont perdues. En avril il s’agira d’élire notre chef de guerre. L’issue semble claire dans la mesure où on ne change pas de capitaine au milieu de la tempête, et je ne vois aucun des challengers de M. Macron faire le poids face à Vladolph Poutler. Il faut donc d’ores et déjà prendre conscience de l’enjeu des législatives qui suivront, en juin. La majorité qui en sortira déterminera la composition du gouvernement, et fera du premier ministre le chef de paix, et non un simple collaborateur de l’hyperprésident. Aujourd’hui, le Parlement est réduit à la fonction de chambre d’enregistrement ; pour qu’il joue pleinement son rôle, il faudrait qu’il soit porté par une majorité différente de celle qui aura désigné le chef de guerre. La cohabitation entre les deux chefs sera simple dans la mesure où leur rôle respectif sera parfaitement clair, et où le bien commun interdira les querelles stériles et les manœuvres politiciennes. La campagne des législatives doit commencer dès maintenant.

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