vendredi 1 mai 2020

Comment guérir d'une virocratie ?


La dictature est une pathologie du corps politique. « Pathologie » au sens que lui donne Canguilhem : une expérience propre au vivant de diminution de sa capacité normative, sa capacité à instituer ses propres normes. En l’occurrence le corps politique - la communauté des citoyens, ses « corps intermédiaires », ses institutions représentatives - est privé de sa capacité normative par l’état d’urgence sanitaire. Celui-ci a légitimé l’instauration d’une dictature au sens propre : une concentration des pouvoirs entre les mains d’un homme – le président Macron - et d’un groupe restreint - le gouvernement, le Conseil scientifique. Les états d’urgence ne manquent pas dans l’histoire de notre démocratie, mais, hors temps de guerre, aucun état d’urgence passé n’est allé aussi loin dans la normalisation disciplinaire des comportements individuels. Cette dictature sanitaire –  la « virocratie » - est a priori transitoire, mais cette expérience est un cataclysme politique grave dont nous mesurons mal aujourd’hui les séquelles prévisibles. J’en vois trois : La défiance, l’infantilisation et la faiblesse de volonté.
-       La défiance : Stratégie classique dans l’histoire des dérives dictatoriales. la virocratie s’est installée brusquement grâce à une succession d’erreurs et de mensonges - aujourd’hui révélés par quelques médias qui jouent encore leur rôle de contre-pouvoir. Ce véritable coup d’Etat profite aux théories du grand complot mondial, orchestré par des puissances occultes (production du virus en laboratoire, dissémination organisée ou du moins facilitée, politiques brutales qui n’ont qu’un seul but : asservissement des populations, mise en en place généralisée d’outils de contrôle, privatisation massive des biens publics au profit des groupes privés internationaux, vaccination massive et obligatoire au profit des grands lobbies pharmaceutiques). Séquelle à craindre : cette défiance anti-institutionnelle est historiquement l’un des précurseurs principaux de l’instauration d’un régime autoritaire assumant explicitement le rejet des « élites corrompues » et d’une démocratie délabrée.
-       L’infantilisation : En France le niveau d’instruction est suffisant pour que chacun comprenne de quoi il retourne et sache prendre les précautions nécessaires contre le Covid-19. Mais la virocratie traite les citoyens comme des sujets immatures incapables d’assumer sans menace de coercition les mesures de précautions compréhensibles pour un enfant de 5 ans. Séquelle symétrique de la précédente : la disposition à tout attendre d’un Etat sanitaire tutélaire chargé de veiller sur notre santé « quel qu’en soit le prix ». Là aussi, un régime autoritaire est bien plus adapté pour cette fonction qu’une démocratie.
-       La faiblesse de volonté. La virocratie se conjugue étrangement à une faiblesse de volonté : nous acceptons de modifier brutalement notre façon de vivre, sur l’autel de l’engorgement des hôpitaux et d’une mortalité accrue - essentiellement des plus de 75 ans – informés, et même gavés, d’informations scientifiques, alors que nous n’acceptons toujours pas la sortie du consumérisme productiviste, au nom des millions de morts et de réfugiés que provoquera le dérèglement climatique, alors même que nous sommes gavés d’informations scientifiques qui le prédisent. On appelle cette forme de faiblesse de volonté l’escompte hyperbolique du futur : la négligence d’un gain important ou d’un tort considérable dans le futur, pour un gain ou un tort moindre tout de suite. La virocratie est le signe avant coureur de la dictature écologique qui vient.
Défiance, infantilisation, faiblesse de volonté, toutes ces séquelles prévisibles de la virocratie, convergent donc selon moi vers l’instauration un régime autoritaire autrement plus virulent que sa bande annonce actuelle. Instauration résistible !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire