La dictature est une pathologie du corps politique. « Pathologie »
au sens que lui donne Canguilhem : une expérience propre au vivant de
diminution de sa capacité normative, sa capacité à instituer ses propres normes.
En l’occurrence le corps politique - la communauté des citoyens, ses « corps
intermédiaires », ses institutions représentatives - est privé de sa
capacité normative par l’état d’urgence sanitaire. Celui-ci a légitimé l’instauration
d’une dictature au sens propre : une concentration des pouvoirs entre les
mains d’un homme – le président Macron - et d’un groupe restreint - le
gouvernement, le Conseil scientifique. Les états d’urgence ne manquent pas dans
l’histoire de notre démocratie, mais, hors temps de guerre, aucun état d’urgence
passé n’est allé aussi loin dans la normalisation disciplinaire des
comportements individuels. Cette dictature sanitaire – la « virocratie » - est a priori transitoire,
mais cette expérience est un cataclysme politique grave dont nous mesurons mal
aujourd’hui les séquelles prévisibles. J’en vois trois : La défiance, l’infantilisation et la faiblesse
de volonté.
- La défiance :
Stratégie classique dans l’histoire des dérives dictatoriales. la virocratie s’est
installée brusquement grâce à une succession d’erreurs et de mensonges -
aujourd’hui révélés par quelques médias qui jouent encore leur rôle de
contre-pouvoir. Ce véritable coup d’Etat profite aux théories du grand complot
mondial, orchestré par des puissances occultes (production du virus en
laboratoire, dissémination organisée ou du moins facilitée, politiques brutales
qui n’ont qu’un seul but : asservissement des populations, mise en en
place généralisée d’outils de contrôle, privatisation massive des biens publics
au profit des groupes privés internationaux, vaccination massive et obligatoire
au profit des grands lobbies pharmaceutiques). Séquelle à craindre : cette
défiance anti-institutionnelle est historiquement l’un des précurseurs principaux
de l’instauration d’un régime autoritaire assumant explicitement le rejet des « élites
corrompues » et d’une démocratie délabrée.
- L’infantilisation :
En France le niveau d’instruction est suffisant pour que chacun comprenne de
quoi il retourne et sache prendre les précautions nécessaires contre le
Covid-19. Mais la virocratie traite les citoyens comme des sujets immatures
incapables d’assumer sans menace de coercition les mesures de précautions compréhensibles
pour un enfant de 5 ans. Séquelle symétrique de la précédente : la
disposition à tout attendre d’un Etat sanitaire tutélaire chargé de veiller sur
notre santé « quel qu’en soit le prix ». Là aussi, un régime
autoritaire est bien plus adapté pour cette fonction qu’une démocratie.
- La faiblesse de volonté. La
virocratie se conjugue étrangement à une faiblesse de volonté : nous acceptons
de modifier brutalement notre façon de vivre, sur l’autel de l’engorgement des
hôpitaux et d’une mortalité accrue - essentiellement des plus de 75 ans –
informés, et même gavés, d’informations scientifiques, alors que nous
n’acceptons toujours pas la sortie du consumérisme productiviste, au nom des
millions de morts et de réfugiés que provoquera le dérèglement climatique, alors
même que nous sommes gavés d’informations scientifiques qui le prédisent. On
appelle cette forme de faiblesse de volonté l’escompte hyperbolique du futur : la négligence d’un gain important
ou d’un tort considérable dans le futur, pour un gain ou un tort moindre tout
de suite. La virocratie est le signe avant coureur de la dictature écologique
qui vient.
Défiance, infantilisation, faiblesse de
volonté, toutes ces séquelles prévisibles de la virocratie,
convergent donc selon moi vers l’instauration un régime autoritaire autrement
plus virulent que sa bande annonce actuelle. Instauration résistible !
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