jeudi 6 décembre 2018

Vivons-nous dans une cleptocratie ?


La crise des gilets jaunes est décidément un formidable révélateur de l’effritement du lien social et du divorce entre le peuple et l’Etat-providence qui apparaît de plus en plus comme un Etat-prédateur. En effet, elle met en évidence la dimension autoritaire et absolutiste de notre culture fiscale, sa part sombre complètement occultée par l’image d’Epinal d’un Etat protecteur et redistributeur. Toute la taxonomie fiscale va dans ce sens : fisc renvoie à confiscation, prélèvements et charges à des contraintes subies, impôt à imposer. Ainsi, il suffi de le prendre au mot pour comprendre que notre système fiscal relève d’une confiscation autoritaire directement héritée du régime monarchique dont, par bien des aspects, nous ne sommes jamais vraiment sortis.
L’article 20 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen stipule que Nulle contribution ne peut être établie que pour l’utilité générale. Tous les citoyens ont le droit de concourir à l’établissement des contributions, d’en surveiller l’emploi, et de s’en faire rendre compte. Qui oserait prétendre que notre système fiscal est décrit dans cet article ? La bureaucratie prélevant automatiquement sa part sur tous les revenus, les patrimoines, les biens et les services, la contribution « volontaire » de chaque citoyen est de fait une dette automatique et éternelle vis-à-vis de l’Etat. La justification de cette dette, admise comme un credo, est que l’Etat agit comme gardien du bien commun, et qu’il est donc légitimement autorisé à prélever la moitié du produit intérieur brut pour remplir ses missions d’ordre et de redistribution. Or les services publics sont délabrés, la redistribution est un cache misère, ainsi la machine fiscale opère en automate aveugle et sourd, l’Etat a délaisse son rôle de gardien du bien commun, et son surendettement pathologique, loin d’être le signe d’investissements bénéfiques, est plutôt la garantie d’une pérennisation de la mise sous tutelle des citoyens pour les siècles à venir.
Le droit de chaque citoyen à contribuer librement à l’utilité générale, et à surveiller le bon usage du budget, est une idée qui est restée lettre morte. La règle opérante s’énoncera plutôt ainsi : Tous les citoyens doivent se résigner à la captation automatique d’une partie de leurs revenus, au profit d’un système totalement opaque, dont les effets sur le bien commun sont extrêmement confus.

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