Quand je googlise « meurtres
racistes en France », je ne trouve que des sites compilant des « actes racistes, antisémites, antimusulmans
et antichrétiens »*. Double perplexité. D’une part je ne trouve quasiment
rien concernant les meurtres, or il me semble évident qu’il y a plus qu’une
différence de degré entre une discrimination, une insulte, une gifle ou un coup
de poing, et un homicide. D’autre part personne de s’étonne du fait que les
meurtres « racistes » en France ne touchent pratiquement qu’un seul groupe
représentant moins de 1% de la population, les juifs. Mme Knoll portait un nom
alsacien, elle n’avait aucun trait physique qui pouvait la distinguer d’une
vieille dame non-juive, elle ne pratiquait pas de religion et ne professait
aucun soutien particulier à Israël. Mais ses meurtriers savaient qu’elle était
juive, c’est ce qui la condamnait à mort.
« Juif » est un concept « air
de famille » au sens où il tient à la fois de la biologie – la transmission
par la mère-, de l’appartenance à un peuple – une longue histoire -, d’une religion
- le judaïsme. Ainsi, « juif » on peut l’être par le sang ou par la
foi, ou par les deux ; un individu peut assumer ou refuser ce signifiant, dans
la mesure où une lignée matrilinéaire ne peut rien déterminer chez un individu,
si ce n’est une maladie génétique. En ce sens, le signifiant « juif »
est flou, et donc parfait pour toutes les projections, les fantasmes. Le même
flou se retrouve dans l’antisémitisme. Au sens étymologique, il serait un rejet
du sémitisme, un ensemble hétérogène de peuples descendant d’un ancêtre
mythique Sem, une catégorie linguistique plus qu’ethnologique. L’antisémitisme
n’est ni un racisme au sens où une supposée « race » impliquerait des
caractères distinctifs visibles, ni une haine anti-religieuse comme
l’islamophobie, ainsi il faut le distinguer de l’anti-judaïsme ou de
l’anti-sionnisme qui lui servent d’ailleurs souvent de justification, ignorant
délibérément le fait que beaucoup de juifs sont athées et/ou critiquent
sévèrement la politique d’Israël.
Expérience de pensée : soit quatre
français, un arabe athée, un noir catholique, un blond
musulman, un juif non pratiquant. Qui sera discriminé à l’embauche, contrôlé abusivement
par la police, ou se verra refuser un appartement ? Le noir ou l’arabe. Voilà
ce qu’est le racisme en France : une discrimination. Qui est susceptible
de se faire assassiner pour ce qu’il est ? Le juif. Voilà ce qu’est l’antisémitisme :
un appel au meurtre.
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