jeudi 12 février 2015

Y a-t-il un "problème" de l'Islam ?



Quand l’imbécile montre la lune, le sage peut à bon droit regarder le doigt. En l’occurrence, concernant le « problème » de l'Islam, je m’interroge sur l’omniprésence du mot « problème » dans le débat public. Je prétends que l’escamotage du couple question / réponse au profit du couple problème / solution, est loin d’être un point trivial.
- L'expression « problème de l'Islam » est performative, c'est-à-dire qu'elle fait exister ce qu'elle nomme... par le seul fait de le nommer. Ainsi elle a une force rhétorique considérable, disqualifiant immédiatement ceux qui oseraient contester l'existence du dit « problème ».
- Cette expression a en outre un effet mobilisateur autrement plus puissant que celui d’une question, quelle qu’en soit la formulation, car elle combine indissociablement une dimension factuelle (« Il y a un problème ») avec une dimension émotionnelle (« J’ai un problème ») qui lui confère une énergie autrement plus grande qu’une question qui suppose toujours distance, analyse, réflexion, débat…
- L’expression « le problème des / du… » (au choix : des immigrés, des étrangers, des jeunes des quartiers,…) exerce une force attractive sur l’esprit car elle englobe un phénomène et sa cause. Ainsi parler du « problème de l’Islam » c’est dire que les musulmans « posent problème »… en tant qu’ils sont musulmans justement.
- Par ailleurs la notion de « problème » suppose qu’il y a des « solutions », et parmi elles, certaines provisoires, d’autres définitives - voire « finales ». Ces dernières sont les seules à « régler » le problème, les premières n’étant au mieux que des pis-aller. Parler du « problème des… », c’est signifier implicitement ce qui pourrait valoir comme solution définitive.
- Enfin si la société est le lieu des problèmes, l’Etat est celui des solutions ; le problème est donc l’affaire des intellectuels, des experts, alors que la question vaut pour tous les citoyens. Le problème est technocratique, la question est démocratique.

Alors le véritable « problème » de l’Islam consiste à savoir à quelles questions il renvoie. Parmi toutes les questions plus ou moins pertinentes qui viennent à l’esprit, il en est deux qui me paraissent mériter qu’on s’y arrête :
-       Comment palier au vide de sens du « commun », face au trop plein de sens du « communautaire » ?
-       Peut-on oser un rapprochement entre l’usage du nom « musulman » aujourd’hui, et le nom « juif » hier ?

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