Quand l’imbécile montre la lune, le sage peut à bon
droit regarder le doigt. En l’occurrence, concernant le « problème »
de l'Islam, je m’interroge sur l’omniprésence du mot « problème »
dans le débat public. Je prétends que l’escamotage du couple question / réponse
au profit du couple problème / solution, est loin d’être un point
trivial.
- L'expression « problème de l'Islam » est performative,
c'est-à-dire qu'elle fait exister ce qu'elle nomme... par le seul fait de le
nommer. Ainsi elle a une force rhétorique considérable, disqualifiant
immédiatement ceux qui oseraient contester l'existence du dit « problème ».
- Cette expression a en outre un effet mobilisateur autrement
plus puissant que celui d’une question, quelle qu’en soit la formulation, car
elle combine indissociablement une dimension factuelle (« Il y a un problème ») avec une
dimension émotionnelle (« J’ai un
problème ») qui lui confère une énergie autrement plus grande qu’une
question qui suppose toujours distance, analyse, réflexion, débat…
- L’expression « le problème des / du… »
(au choix : des immigrés, des étrangers, des jeunes des quartiers,…) exerce
une force attractive sur l’esprit car elle englobe un phénomène et sa cause. Ainsi
parler du « problème de l’Islam » c’est dire que les musulmans « posent
problème »… en tant qu’ils sont musulmans justement.
- Par ailleurs la notion de « problème » suppose
qu’il y a des « solutions », et parmi elles, certaines provisoires, d’autres
définitives - voire « finales ». Ces dernières sont les seules à « régler »
le problème, les premières n’étant au mieux que des pis-aller. Parler du « problème
des… », c’est signifier implicitement ce qui pourrait valoir comme
solution définitive.
- Enfin si la société est le lieu des problèmes, l’Etat
est celui des solutions ; le problème est donc l’affaire des intellectuels,
des experts, alors que la question vaut pour tous les citoyens. Le problème est
technocratique, la question est démocratique.
Alors le véritable « problème »
de l’Islam consiste à savoir à quelles questions il renvoie. Parmi toutes les
questions plus ou moins pertinentes qui viennent à l’esprit, il en est deux qui
me paraissent mériter qu’on s’y arrête :
-
Comment palier
au vide de sens du « commun », face au trop plein de sens du « communautaire » ?
-
Peut-on oser
un rapprochement entre l’usage du nom « musulman » aujourd’hui, et le
nom « juif » hier ?
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