jeudi 27 novembre 2014

Devons-nous dire la vérité à nos amis ?



La vérité peut blesser, davantage même que le mensonge d’après le dicton. Or l’amitié implique, pour la plupart des gens, le désir de faire du bien à notre ami, en tout cas d’éviter de le faire souffrir. Pourtant la sincérité semble aussi être une condition de l’amitié. Alors comment concilier ces deux impératifs apparemment contradictoires ?
L’amitié relevant d’une alliance, qui n’a ni l’intensité du serment amoureux, ni la légèreté du contrat hédonique entre potes, occupe une place étroite entre l’amour et le copinage. C’est sans doute pourquoi nous ne pouvons pas avoir beaucoup d’amis, contrairement à ce que Facebook voudrait nous faire croire. L’amour, le copinage et l’amitié se distinguent aussi par leur rapport à la vérité.
L’amour – je parle ici du lien amoureux, et non de l’amour envers ses enfants ou ses parents -  implique, pour le sens commun, un serment implicite d’exclusivité et surtout d’exhaustivité : tout se dire, être transparent l’un pour l’autre.
Le copinage, basé sur un contrat hédonique – faire du temps passé ensemble un plaisir réciproque -, ne survit pas à la vérité qui blesse, et qui en marque forcément la fin. Mais qu’en est-il s’agissant de l’amitié ?
L’alliance amicale s’appuie, selon moi, sur deux piliers : la bienveillance et la sincérité. Ainsi la vérité qui blesse n’est justifiée que par ses effets potentiellement bénéfiques, de même qu’une potion amère à visée thérapeutique. Autrement dit, la bienveillance envers nos amis limite l’exigence de sincérité. Nous avons à prendre soin de notre ami, aussi, avant de dire ou de taire une vérité qui risque de le blesser, il faut peser son effet « pharmaceutique » : agira-t-elle comme un poison ou comme un médicament ?
Toute vérité n’est pas bonne à dire à ses amis.

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