jeudi 9 octobre 2014

La g.p.a. est-elle moralement condamnable ?



La question de la gestation pour autrui – g.p.a. – pose problème à l’évidence. Pour y voir plus clair, il faudrait d’abord distinguer ce qui relève de la psychologie de l’enfant, ce qui est socialement choquant, ce qui devrait être interdit ou encadré par la loi, et enfin ce qui serait condamnable d’un point de vue moral.
Je ne connais aucune évidence qui se dégage du point de vue médico-psychologique qui permettrait de trancher pour ou contre la g.p.a. Il en est de même du point de vue social, les sondages sur l’acceptabilité de la g.p.a. donnant des résultats contradictoires. Quant au point de vue politique, il est complètement embrouillé par la pusillanimité de la « classe politique », en pleine crise de confiance.
Il reste le dernier point qui peut et doit être discuté. Quels principes permettent de juger l’acceptabilité de la g.p.a. ? Etant donné la pluralité des doctrines morales, il convient selon moi de ne retenir qu’un seul principe sur lequel tous peuvent s’accorder, le principe de morale minimale : ne pas nuire objectivement à autrui. Cependant, pour guider l’action dans une société ouverte, laïque, dans laquelle plusieurs conceptions morales coexistent, il faut également prendre en compte au moins deux principes éthiques :
Le principe d’autonomie : 1) la libre disposition de son corps, 2) la liberté de contracter entre individus autonomes.
Le principe de justice : a) la protection des faibles, b) la non-marchandisation du corps, principe qui découle du précédent.
La non-nuisance à autrui ne peut guère être invoquée ici, sauf à prendre en compte un point de vue psycho-anthropologique fumeux qui prédit l’effondrement de la civilisation, ou bien une nuisance pour l’enfant à naître, qui n’est, à ma connaissance, étayée par aucune étude. Ainsi, le rejet de la g.p.a. se fait le plus souvent au nom du principe de justice, faisant fi du principe d’autonomie : les mères gestatrices, uniquement mues par l’appât du gain, seraient de fait réduites à la condition d’un utérus à louer – ce qui est effectivement le cas dans la plupart des pays qui autorisent la g.p.a..
Or si cette façon d’envisager la g.p.a. est à craindre, elle n’a rien d’inéluctable. Autrement dit, si la loi encadre fermement ce qui ne doit être qu’exceptionnel, une logique du don, moralement justifiée, peut l’emporter : la g.p.a. ne serait envisageable et acceptable que pour un couple stérile, pour lequel la p.m.a. serait impossible, la mère gestatrice ne pouvant être qu’un membre de la famille ou une amie proche, ayant déjà eu un enfant, ayant un revenu supérieur ou égal aux « demandeurs », et de façon totalement gratuite.

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