Je pourrais faire mienne la maxime de Hegel : « La lecture du journal, le matin au
lever, est une sorte de prière réaliste. ». Mais il n’y a aucune
commune mesure entre la gazette artisanale du XIXème siècle, et l’industrie de l’info
en continu qui produit des effets particulièrement nocifs (cf. le lien
ci-dessus) :
- Effet
de sidération : le rythme rapide, la succession sans transition, ne
laissent pas de temps à la pensée réflexive ;
- Effet
de démobilisation: l’actualité c’est comme la météo, ça arrive, ça ne dépend
pas de nous ;
- Effet
anesthésiant : le spectacle récurrent de la misère et de la violence, nous
insensibilise, et nous donne un sentiment relatif de confort ;
- Effet
toxique : le plaisir glauque d’être spectateur du malheur d’autrui…
Or si l’on considère que l’information est une condition nécessaire
de la citoyenneté en régime démocratique, elle relève de ce que les grecs appelait
pharmakon, poison et remède à la
fois.
Ainsi il convient de bien distinguer l’info et l’information :
l’info,
c’est le formatage des esprits par les industries du « temps de cerveau
disponible », l’information, c’est l’acte de s’informer
soi-même, qui requiert du temps et un effort de la pensée réflexive et critique.