jeudi 13 septembre 2012

Quand les riches « se cassent », faut-il s’en indigner ou s’en réjouir ?


A mon avis, l’« affaire » Bernard Arnaud - B. A.- est d’abord à rapprocher de l'expulsion des roms car ces deux évènements illustrent la contradiction criante entre la libre circulation des capitaux, des marchandises et des riches, et l'assignation à résidence des pauvres : B. A. part en Belgique pour « profiter de certaines opportunités », n'est-ce pas exactement ce que pourraient dire les roms qui s’installent en France, s'ils apprenaient à parler la langue policée du management ?
Mais au fond que penser de l’exil belge du roi du luxe ? Je distingue trois interprétations possibles :
-       dans la guerre économique mondiale qui fait rage, B. A. en tant que quatrième fortune mondiale, est l'un de nos meilleurs atouts, et il faut être stupide pour pousser ce génie de l'enrichissement à l'exil par une imposition confiscatoire ;
-       dans la guerre économique mondiale qui fait rage, l'attitude de B. A. est de l'ordre d'une désertion ; les riches doivent participer à leur mesure à l'effort de guerre qui s'impose à tous ;
-       la défection de B. A. nous rappelle opportunément ce qu'est le capitalisme : un processus d'accumulation illimitée sans frontières, qui n’a rien à faire du « bien commun », qui s'appuie sur l'assujettissement des hommes et de la nature, et dont le fonds pulsionnel est la cupidité sans frein que les anciens considéraient comme un vice, mais qui est de fait aujourd’hui la vertu cardinale : le moteur de la croissance.
Les deux premières interprétations superficiellement opposées – Libé vs Figaro - partagent en fait le même présupposé : nous avons besoin des riches. La troisième au contraire est radicale : les riches sont un problème, cette idée est au fondement même de la démocratie. Ainsi les athéniens, nos maîtres en démocratie, avait inventé une procédure qu'on ferait bien de méditer par les temps qui courent,  l'ostracisme : il s'agissait de bannir de la cité pour 10 ans les citoyens dont on craignait la puissance ou l'ambition politique.

1 commentaire:

  1. Mon cher Claude,
    Le "cas" BA n'est malheureusement pas unique. Ce qui me gène, ce n'est pas tant le fait des grosses fortunes et du luxe mais de ces héritages démesurés qui n'ont plus rien à voir avec notre devise Liberté EGALITE, Fraternité.
    A quand une véritable réforme du droit de propriété pour que les Arnaud, les Bouygues, les Lagardère, les Pinault et autres Bettancourt ne prolongent pas ce droit associé à tous ces privilèges. Une excellente étude à ce sujet a été écrite par Jacques Bertillier dont je vous recommande la lecture : http://www.lepetitlivrevert.fr/revenu-de-base-pour-une-reforme-humaniste-du-droit-de-propriete-jacques-berthillier/
    Pour le reste, choisir sa nationalité ou se désolidariser, c'est leur façon à eux de concevoir leur liberté et leur fraternité...

    RépondreSupprimer