Dans le catalogue des promesses électorales, deux semblent unanimement
partagées : l’augmentation du pouvoir d’achat, la diminution de l’empreinte
carbone. Il y aurait là une note d’espoir… si elles ne s’avéraient pas
mutuellement incompatibles.
Cette
incompatibilité ressort d’un raisonnement simple, peut-être simpliste : 1)
On ne peut pas augmenter le pouvoir d’achat sans augmenter la production de
richesses. 2) On ne peut pas augmenter la production de richesses sans
augmenter la consommation d’énergie. 3) On ne peut pas augmenter la
consommation d’énergie tout en diminuant notre empreinte carbone. Il y aurait
ainsi une contradiction au cœur de la seule chose qui fasse à peu près
consensus parmi les candidat(e)s, quelles que soient leurs divergences
idéologiques. A ignorer cette aporie, le risque est grand de subir, dans les
années qui viennent, une aggravation brutale de la triple crise sociale,
économique et écologique. Pourquoi un tel aveuglement devant ce dilemme :
sacrifier le pouvoir d’achat sur l’autel de l’écologie, ou sacrifier l’écologie
au nom du pouvoir d’achat.
La question « Consentez-vous à réduire votre pouvoir d’achat au nom
de l’écologie ? » est indécente si l’on considère la situation de
précarité et de paupérisation d’une part de plus en plus grande de la
population. La seconde option –accepter la surconsommation comme un mal
nécessaire - a un avantage électoral décisif car le court terme sera toujours
plus payant électoralement. Mais comment continuer à ignorer l’impact de la
production matérielle sur le dérèglement climatique ?
Esquisse de
réponse : Il ne sert à rien de dénoncer les méfaits du capitalisme
néo-libéral qui aliène les individus en dévastant notre planète, si l’on ne
remet pas en question le régime libidinal qui en est la condition
nécessaire : le désir d’achat. Aussi la question pertinente serait :
« Comment réduire notre désir d’achat ? ». Cette question
demeure indécente pour une majorité de citoyens qui essaient juste de survivre.
Ainsi un programme politique qui prendrait cette question au sérieux devrait à
mon sens proposer au minimum deux mesures urgentes :
-
Une limitation
drastique de la publicité qui alimente en continu le régime libidinal
néolibéral, et faisant de la surconsommation une condition nécessaire de la
« vie bonne ».
-
Une limitation
de l’inégalité économique qui atteint des niveaux inconnus depuis le XIXème
siècle, et nourrit un ressentiment lourd de menaces.
On
peut augmenter le pouvoir d’achat de ceux qui peinent à joindre les deux bouts,
à condition de taxer fortement les revenus au-delà d’un seuil à déterminer,
tout en agissant concrètement pour diminuer le désir d’achat qui est au cœur de
la surconsommation énergétique. Je ne vois pas d’autre solution pour sortir du
dilemme. Et vous ?
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