Voici bientôt venu le temps de la
grand-messe quinquennale, où le bon peuple de France sera solennellement convié
à appliquer l’onction élective sur le nouveau monarque républicain, puis sur un
aréopage de représentants du peuple. Tous recevront, par la grâce du suffrage
universel, la légitimité démocratique, …. autrement dit : carte blanche
pour ne rien changer d’essentiel, et surtout pas le système qui leur permet d’exister et de persévérer dans leur être.
Pour qui voter ? Peu
importe ! D’une part le scrutin est essentiellement un plébiscite pour le système : le régime représentatif
et la classe politique qui le porte. D’autre part, il produit invariablement un
gouvernement de centre mou, social libéral, globalement conservateur, qui ose
parfois, pour faire « progressiste », quelques « cadeaux »
à un secteur de son électorat (genre mariage pour tous, légalisation du
cannabis, revenu universel pour les jeunes,…).
Il paraît qu’il y a des candidats « anti-système ». C’est ce que la
grammaire logique appelle une contradiction performative, et ce que la science politique
appelle une récupération : les anti-système
ont une place prévue dans le système,
une case spéciale de l’échiquier électoral, une fonction de soupape de sécurité
en somme. Soyons réalistes, ceux qui se présentent comme « anti-système » sont soit des
bonimenteurs – des Trumpeurs – soit des rentiers confortablement installés dans
une niche électorale, qui n’ont aucune chance d’être élus, si tant est qu’ils
le souhaitent, ils n’ont rien à y gagner et tout à y perdre. Et le FN, me
direz-vous ! Arrêtons de nous faire peur : il est un ingrédient
indispensable à la perpétuation du système,
par la culpabilisation des abstentionnistes. En effet, ce que craint le plus le
système, ce ne sont ni les Marine, ni
les Mélenchon, ou autre Poutou,… c’est le « parti » des
abstentionnistes, le seul qui pourrait délégitimer la sainte élection, et donc
menacer le système. Le parti de ceux qui
refusent de continuer à se faire berner d’élection en élection, ceux qui disent
« Not in my name ! », ceux qui ne croient pas ou plus à la
fiction de la représentation. Ceux qui savent que les élu(e)s ne représentent
qu’eux-mêmes et les partis qui les adoubent, que leurs programmes, leurs
slogans, leurs idées, leurs concepts relèvent du marketing, à la différence
près qu’il y a une loi contre la publicité mensongère, alors que les promesses
électorales trahies, ne donnent jamais lieu à la moindre sanction.
« Mon ennemi c’est la
finance ! ».Récitez plusieurs fois ce mantra si l’envie vous prend
d’aller à l’isoloir comme on va à confesse, pour se donner à peu de frais la
bonne conscience du devoir accompli.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire