jeudi 9 avril 2015

Êtes-vous prêts à désobéir ?




La commémoration de la libération des camps nous rappelle que nous devrons sans doute un jour faire preuve d'esprit de transgression de la loi au nom de la justice. Sommes-nous prêts ? Rien n'est moins sûr.
Nous passons la majeure partie de notre vie au sein d'institutions qui sont, pour la plupart, des "structures de pouvoir" au sens où elles présentent des caractéristiques hiérarchiques et autoritaires : la famille, l'école, l'usine, le bureau, l'entreprise,...  En sapant insidieusement, jour après jour, les capacités de créativité et d'autonomie des individus, elles concourent à une fabrique institutionnelle de l'obéissance, du consentement et de l'impuissance. En réduisant la politique au champ clos de l'affrontement entre leaders de parti, notre "démocratie" participe pleinement à cette production massive de la résignation.
Nous savons tous courir, mais si nous ne courons jamais, notre corps rechignera à cet effort complètement inhabituel le jour où il en ira de notre vie. De même, nous avons tous une capacité de désobéissance, mais le jour où il faudra désobéir au nom de la justice, nous serons comme ankylosés par une vie de soumission à l'autorité, à la norme standard, aux règlements imbéciles ou à l'inanité de la loi. Face à ce constat, l'anthropologue états-unien James C. Scott propose une hygiène de la désobéissance, qu'il appelle  "callisténie anarchiste", définie en ces termes :
"Chaque jour, si possible, enfreignez une loi ou un règlement mineur qui n'a aucun sens, ne serait-ce qu'en traversant la rue hors du passage piéton. Servez-vous de votre tête pour juger si une loi est juste ou raisonnable. De cette façon, vous resterez en forme ; et quand le grand jour viendra, vous serez prêts."


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