Que
puis-je savoir ?
(Le film qui circule
en ce moment et le verbatim intégral du film)
Cette question qui semblait avoir trouvé une réponse
définitive avec le triomphe de la science, redevient cruciale dans le monde mondial,
interconnecté, où le savoir universel se mêle au mensonge planétaire. Exercice
pratique : les « chemtrails », rumeur née aux Etats-Unis, assertant
l’épandage à grande échelle de produits chimiques par les avions, qui mêle une
rhétorique scientifique, à une idéologie du complot mondial. Cas intéressant
car les objections rationnelles paraissent impuissantes face à un discours qui
possède deux atouts redoutables :
1) Il s’autoalimente
du soupçon généralisé envers toutes les institutions – Etats, gouvernements,
scientifiques, médias,…
2) Il
repose sur un raisonnement simple et très efficace : l’abduction.
Soit A un fait - ici, l’élévation alarmante du taux de métaux lourds
dans l’atmosphère. Soit B une
explication possible de A jugée
intéressante – ici, la mise en œuvre secrète d’un plan concerté à l’échelle
mondiale, qui a deux justifications selon les orientations idéologiques, a) pour
juguler le réchauffement climatique par la géo-ingénierie, b) pour éliminer une
partie de la population surnuméraire, c) pour diffuser une drogue qui rendra
les individus plus dociles,… De A et
B, on en conclut que B doit être considérée comme vraie,
tant qu’on n’a pas prouvé le contraire. Or allez prouver que quelque chose n’existe
pas…
Comment sortir du cercle vicieux de ce
raisonnement ?
Par le réhabilitation d’une éthique du scepticisme dont
voici deux principes de base :
1) Quand
les spécialistes d’un domaine sont en majorité d’accord entre eux, aucun avis
opposé ne peut être considéré comme certain par le citoyen ordinaire.
2) Lorsqu’aucun
consensus majoritaire n’existe chez les spécialistes, le citoyen ordinaire
ferait bien de suspendre son jugement.